L’association fut fondée le 2 septembre 1888 lors d’une première assemblée placée sous la présidence M. Thierry, Directeur de l’Ecole d’Agriculture de la Brosse, et celle de Charles Baltet, horticulteur-pépiniériste troyen, sommité horticole de cette fin du XIXè siècle. Elle prendra le nom de « Société Horticole, Viticole et Forestière de l’arrondissement de Sens ».
Une de ses ambitions, avouée dans l’article 2 de ses statuts, était de devenir éventuellement départementale (La Société Centrale d’Horticulture de l’Yonne ne sera fondée qu’en 1906, à Auxerre).
Elle prend pour devise « Union et Progrès », bien en phase avec la municipalité progressiste du moment…
Le premier conseil d’administration désigne comme président M. René LAFON, député de l’Yonne.
Les initiateurs de la création de cette association furent MM. Maurice ROBERT-ROSAY, Horticulteur-pépiniériste (Sens), Gustave GLACHANT, arboriculteur à Gron, Louis BELIN, correspondant de l’Yonne à Sens.
A cette séance, assistait M. de Vasson, Sous-préfet et M. Landry, maire de la Ville.
Elle avait pour vocation de succéder à la défunte Société d’Horticulture de Sens fondée en 1855, afin de développer le formidable élan de l’horticulture en France, le XIXè siècle ayant été l’âge d’or de cette activité.
Sens se devait de s’inscrire dans cette dynamique, ce qui fut fait, avec une mission plus particulière, celle d’aider, dans l’arrondissement, à la reconstitution de la vigne détruite par le redoutable phylloxera, en testant, diffusant les nouveaux porte-greffes américains et autres procédés de lutte contre ce ravageur de notre vignoble.
La constitution du premier Bureau émanant du Conseil d’Administration nouvellement formé, semble définir une stratégie que l’on retrouvera tout au long des différents changements intervenant au fil du temps. Elle vise à proposer la Présidence, le Secrétariat Général (et dans un premier temps une Vice-présidence) à un homme public possédant une certaine envergure politique ou sociale à l’échelle de l’Arrondissement sinon du Département1 . Les autres postes reviennent à des professionnels reconnus de l’horticulture ou à des sociétaires choisis suivant leurs compétences propres, hors du sérail horticole éventuellement.
Concernant ces postes-clés confiés à des personnalités politiques, il est certain que, d’emblée, ce choix permettait d’inscrire la jeune société dans les réseaux d’influence du moment, de faciliter les démarches administratives et les activités parfois lourdes à organiser comme les expositions d’horticulture, et susciter évidemment l’intérêt de nombreuses personnes, voire la recherche des subsides nécessaires à son fonctionnement.
Elle traduit, me semble-t-il, un contrôle vigilant des associations naissantes par le pouvoir politique en place, même si l’enjeu n’apparaît pas clairement.
Il convient également de préciser, qu’à cette époque, les notions de loisir et d’agrément étaient moins prégnantes qu’aujourd’hui et que les buts définis dans l’Article 3 des Statuts conféraient à cette institution naissante des rôles tant pédagogique qu’économique importants.
Il est à noter que, bien qu’aucune parité ne soit instituée dans les statuts, sauf celle d’un « nombre égal autant que possible d’amateurs et de praticiens », une répartition soigneuse des différentes branches de l’horticulture se retrouvent naturellement dans le choix des Conseillers Administrateurs (également désignés sous l’appellation de Commission ): maraîchers, horticulteurs (au sens large s’entend), viticulteurs. De forestier, pas la moindre trace.